Dimanche 18 octobre. De votre envoyé spécial dépêché sur place :
« Après trois heures d’un concert mythique, le rideau de fer s’est enfin abaissé
une dernière fois sur la vitrine de la Grosse Caisse, rue de la main d’or.
Comme l’a dit le barman David dans son discours d’adieu: « La grosse caisse est
morte, vive la grosse caisse ». Six ans de beuverie, d’enfumage, de concerts
avortés, d’amendes non payées, de baston, de pelle à l’haleine alcoolisée et
roulée à deux heures du mat derrière le baby, de multi-vents vite oubliés, de
bières renversées, de disques rayés, bref c’est toute une petite vie de bar qui
vient de s’éteindre sous nos yeux et nos oreilles ebahites. Nos oreilles qui
n’en reviennent toujours d’avoir assisté à ce moment musical rare et intense.
Nos yeux qui deviennent un peu vide après ce qu’ils ont pu voir: un spectacle
mortuaire puissant et bruyant, un enterrement de luxe que seuls quelques
privilégiés ont pu apprécier.
Denis, Claire, Dorine et moi même au cœur de la tourmente avons vécu et survécu à tous les moments forts de la soirée: l’incrustation in extremis dans le bar juste avant le concert des CQMD déchaînés, les morceaux qui s’enchaînent comme un
medley du meilleur du best-of du plus mieux de tous leurs tubes, nos tee-shirt
qui deviennent de vraies serpillières au bout de 10 minutes, la foule en délire
qui scande un « on veut du chocolat » sur l’air de « Lalalalala », les serveuses
debout sur le comptoir en train de distribuer des bières gratos, de nous
asperger d’eau fraîche et bienfaitrice tout en improvisant une chorégraphie
sur ‘c’est pas grave , c’est normal », des gamins tout jouasses qui les imitent,
la très courte apparition dans la salle enfumée et ensuée du trio Raf-Kmi-
Damien à la pause, la reprise encore plus puissante des musicos, la foule qui
devient encore plus excitée, les bières et les bières et les bières englouties,
le slam « aller et retour » de Tubar jusqu’au bar sans toucher le sol (mythique),
et enfin celui super long de David au dessus de nos têtes, se mangeant les
lampes et les ventilos. Un David bien déchiré mais super émouvant, ses grosses
couilles à l’air après un streap-tease scandé par la foule. Un David décomposé
aussi après son discours final. Tristesse et émotion de voir ce bon gros
nounours s’effondrer et commencer à pleurer comme un gamin. Personnellement ça a
été le moment le plus prenant de la soirée. j’ai encore les poils quand j’y
repense.
Tout cela a fini dans la rue avec deux morceaux, un de feu puis enfin
le dernier plus « mortuaire » sur le rideau de fer qui tombe telle la lame de la
guillotine sur la tête du condamné (!). Sensation bizarre du « c’est deja fini ? « . Il aura
fallu une voiture de flic pour finalement nous faire dégager de l’endroit. Peut-être pour longtemps. Finalement nous avons connu très peu ce bar même si on
avait l’impression d’y avoir passé pas mal de nos soirées. C’est pas grave, c’est
normal, et ça continuera ailleurs. « La grosse caisse est morte pour mieux
renaître de ses cendres » disait David debout sur le baby. Vivement
l’ouverture du » Phœnix »….